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Deux catégories de sportifs, très différentes l’une de l’autre, s’autorisent le droit de traverser en courant une zone mixte, cet espace balisé de barrières derrière lesquelles les athlètes s’arrêtent pour répondre aux questions des journalistes. La première est remplie de stars du football n’ayant guère envie de s’épancher après une défaite cuisante. La seconde est composée de compétiteurs nord-coréens anonymes.
Mardi 30 juillet, les pongistes Kim Kum-yong et Ri Jong-sik ont offert une belle démonstration de dérobade médiatique. Escortés par un entraîneur et un dirigeant en survêtement, c’est à grands pas d’arpenteur qu’ils ont parcouru la zone mixte du hall 4 de l’Arena Paris Sud après le gain de leur médaille d’argent dans le double mixte, snobant micros et caméras.
Il aurait été surprenant qu’il en aille autrement. Encadrés de près dès qu’ils sortent de leur pays, les sportifs nord-coréens sont connus pour ne jouir d’aucune liberté de mouvement pendant les grandes compétitions internationales. A condition d’y participer. La présence de Kim Kum-yong (22 ans) et Ri Jong-sik (24 ans) en finale des Jeux de Paris a surpris au-delà des initiés : cette gauchère et ce droitier, adeptes de la prise de raquette orthodoxe, sont en effet totalement inconnus des spécialistes de la petite balle blanche qui ne les ont jamais croisés sur le circuit professionnel. Tout juste les a-t-on aperçus aux Jeux asiatiques de Gongshu (Chine), en 2022, ainsi qu’à un tournoi de qualification olympique il y a trois mois.
Selon un classement de la Fédération internationale de tennis de table, Kim Kum-yong et Ri Jong-sik pointaient, il y a deux ans, aux alentours des 300e et 500e places mondiales, loin, très loin de leurs adversaires du jour, les Chinois Wang Chuqin et Sun Yingsha, les deux meilleurs joueur et joueuse du monde actuellement.
Ces derniers ont dû s’employer pour battre ces mystérieux outsiders par 4 manches à 2 (11-6, 7-11, 11-8, 11-5, 7-11, 11-8) devant un public très majoritairement rempli de spectateurs chinois. Les encouragements discrets de cinq officiels de la délégation nord-coréenne – jogging de marque inconnue sur le dos, montre en simili-plaqué or au poignet, drapeau à étoile rouge à la main – n’ont pas suffi à transcender ces champions soupçonnés de s’entraîner chez le voisin chinois, à la manière d’athlètes satellites.
Faux, « nous nous entraînons dans notre pays », a réfuté le mutique Ri Jong-sik au cours d’une conférence de presse à laquelle lui et sa partenaire ont bien été obligés d’assister, mardi. Etonnante séquence de langue de bois au demeurant, au début de laquelle le modérateur bénévole s’est vu recommander mezza voce, par un émissaire de Pyongyang, de ne pas parler de « Corée du Nord » mais de République populaire démocratique de Corée (RPDC) – son nom officiel. Dans un contexte de relation glaciale avec la Corée du Sud, chaque mot compte. En témoigne le vif courroux de Séoul après la cérémonie d’ouverture des Jeux où le pays du Matin-Calme a été appelé RPDC par le speaker officiel. Une gaffe olympique.
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